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les kolariens du bengale.

veux, colliers, bracelets, chevillets, graines coloriées, dents et coquillages, anneaux de laiton, et surtout de fer, les seuls que Manou ait permis. Elles ont profité et même abusé de la permission. Kolhes et Khondes, rivalisant avec les Guinéennes et les Achantisses, s’annoncent de loin par un cliquetis de chaînes, par un jingli jinglo de ferrailles, plus lourdes que le boulet d’un forçat. Les Pandjas, hommes et femmes, se chargent de huit à dix kilogrammes de cuivre ; et l’on affirme qu’en certains districts les belles chancellent sous leur quincaillerie. Le capitaine Sherwill eut un jour la curiosité de peser les affiquets et colifichets dont une demoiselle sonthal avait affublé sa personne : la balance accusa 34 livres. Les Dchouangues, qui tenaient, comme tant d’autres, que le tatouage est de tous les costumes le plus léger, le plus économique et même le plus élégant, qui le regardent comme un meilleur préservatif contre les rhumatismes que les camisoles de flanelle, les Dchouangues avaient conservé jusqu’à ces derniers temps le tablier de feuilles auquel Ève a donné son nom. De même les Couroumbas du Malabar, les Dchantchous du Masoulipatam, les Weddahs de Ceylan[1]. Cela choquait les ladies de Calcutta. Elles remontraient que Sa Gracieuse Majesté la reine Victoria ne pouvait tolérer que telles de ses sujettes ne portassent qu’un collier de graines, plus une ramée par devant et une autre par derrière. La vice-reine des Indes décréta que le scandale finirait ; le christianisme et la civilisation supprimèrent l’innocente nudité dans les jungles d’Orissa. La chose mérite d’être racontée :

En 1871, une compagnie, sur le pied de guerre, prit

  1. Samuelles, Journal of the Asiatic Society, 1856.