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les kolariens du bengale.

— « Si vous vouliez reprendre vos maisons ? reprendre vos champs ? Si vous vouliez bien nous rendre votre amitié[1] ? »

L’asile accordé aux ennemis n’est point refusé aux criminels ; et, chose forte a dire, le meurtrier a cherché et trouvé refuge chez le père de l’homme qu’il avait tué. Cette hospitalité héroïque, ils la donnent quand ils savent qu’elle sera funeste, même à leur patrie. Exemple, la grande guerre de 1833 qui mit fin à leur indépendance. La Compagnie des Indes exigeait des fugitifs qu’on lui refusait :

— « Mais réfléchissez donc ! Vous étiez de nos amis jusqu’ici. Ne nous obligez pas à montrer que nous sommes les plus forts. Vos champs seraient dévastés, vos bourgades incendiées, vos guerriers mitraillés. Et, si l’on en vient jusque-là, dures seront les conditions que nous imposerons aux survivants.

— Il ne sera pas dit qu’un Khond ait forfait à l’honneur, et qu’il ait livré le malheureux qui était venu l’implorer. »

On en vint aux mains. Les barbares — c’étaient des barbares — se défendirent avec une bravoure que ne pouvaient trop admirer les Anglais. En plus d’une rencontre, ils se firent tuer jusqu’au dernier. Finalement, les fugitifs indous furent livrés, mais par des lndous, les Khonds restant inébranlables dans leur fière et généreuse loyauté.

« Pendant une campagne de deux mois, dit Hunter, ils montrèrent une énergie indomptable. Décimés à la fois par la peste, par la famine et l’épée, il ne s’en trouva

  1. Macpherson.