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les inoïts occidentaux.

ou d’Ounalaska. Souvent, il possédait quelques esclaves qu’on immolait à sa mort pour lui tenir compagnie ; les Koloches n’ont pas encore abandonné la coutume. Les prérogatives du Tajoun n’étaient guère qu’honorifiques. S’il était désigné pour diriger une expédition de pêche, l’entreprise terminée, adieu le commandement, car « notre ennemi, c’est notre maître ». Les légendes stigmatisent quelques tyrans du temps jadis qui auraient usurpé le pouvoir ; elles célèbrent leurs meurtriers comme des bienfaiteurs publics[1].

En somme, l’Esquimau n’est point dépourvu d’ambition, mais il recherche moins la domination que la supériorité, il préfère la direction au commandement. Il n’a pas besoin, comme nous, d’une autorité devant laquelle il faille trembler, il n’arme pas la Justice d’un glaive, l’Autorité d’une massue aux clous d’airain. Sans prisons ni gendarmes, sans huissiers ni recors, comment fait-il donc ? Pauvre sauvage, ne le voilà-t-il pas bien à plaindre !

Deux années après l’expédition de Béring et Tchirikof, en 1741, le sergent Bassof, stationné au Kamtschatka, construisit un bateau en os, et cingla à la bonne fortune vers les îles Aléoutes. En 1745, un autre Russe, Michel Nevodsikof, visita l’archipel, et, à son retour, raconta que les plus précieuses pelleteries de renards arctiques, d’ours et de loutres marines, abondaient en ces lointains parages. Ses récits merveilleux excitèrent l’enthousiasme de gens hardis, décidés à réussir coûte que coûte. Partis seuls ou

  1. Rink.