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ASSOCIATIONS OUVRIÈRES DANS LA GRANDE-BRETAGNE.

fleurs et de légumes. Un salon de lecture, modeste mais très-fréquenté, avait été établi près des jardins, toutes choses qui nous font penser aux cités ouvrières de Mulhouse. L’esprit qui a inspiré cette entreprise était certainement plus aimable, plus libre, plus esthétique et autrement intellectuel que celui de nos sévères Rochdaliens. Malheureusement l’association de Coventry, exceptionnelle par son caractère, le fut aussi par son insuccès, qui fut la suite, soit de la crise de 1859, soit des fautes de la direction, soit de certains actes malhonnêtes de tierces personnes. Déjà cinq années avant la catastrophe, un des rudes Pionniers disait à H. Huber avec un sourire empreint d’amertume : « Nos amis de Coventry, il faut bien l’avouer, sont un peu mous de cervelle ! »

En bonne justice, il faut dire que les Coopérateurs se sont mis une seconde fois à l’œuvre et qu’un modeste store, établi strictement sur le modèle de celui de Rochdale, semble aujourd’hui en voie de prospérité.


En mai 1851, quelques ouvriers de bonne volonté fondèrent la Liverpool Cooperative Provident Association, dans le but de procurer aux membres de la Société des articles de vêtements et des denrées alimentaires de bonne qualité. Le premier achat de provisions fut emmagasiné dans le buffet d’un Temperance Hotel, ensuite on recourut à une chambre : plus tard, on s’enhardit à louer une cave, mais l’humidité fit ravage sur le sucre et le thé. Après de mûres réflexions, une maison fut louée tout entière, diverses chambres étant sous-louées à des membres de l’association. Aujourd’hui, la Société possède de vastes magasins. Fin 1851, l’association ne comptait que 34 membres, avec 1 500 francs de capital accumulés par des payements de 6 sous par semaine. — Fin 1860, 1 245 membres possédaient un capital social de 55 000 francs, avec lequel ils avaient fait pour 410 275 francs d’affaires. — En 1861, 2 140 membres ; chiffre d’affaires, 703 400 francs ; dividende, 54 000 francs.


L’Association de Leeds a été fondée en 1848 par les soins d’un gentleman, digne et honnête courtier en marchandises. Il réunit une assemblée de 200 ouvriers pour s’entendre avec eux sur les moyens de remédier à la falsification des denrées alimentaires et surtout de la farine, falsification qui est pratiquée en Angleterre d’une façon aussi générale et aussi éhontée qu’ailleurs. Ces 200 ouvriers prirent chacun une action du 25 francs, payable par vingt-cinquièmes. Dix années après, l’association comptait 3 000 membres ; elle possédait, libre de toute dette, un moulin construit selon les règles les plus approuvées de l’art, et muni de magnifiques machines toutes neuves. Elle vendait annuellement pour 1 500 000 francs de farine parfaitement pure, et fai-