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ASSOCIATIONS OUVRIÈRES DANS LA GRANDE-BRETAGNE.

supposons l’entrepreneur obligé de passer par leurs conditions et d’emprunter 3 000 fr. à 6 %. pour les ajouter aux 30 000 fr. de salaire portés sur son devis primitif. La maison lui coûtera donc 103 180 fr. au lieu de 100 000 fr. En la revendant 120 000 fr., comme il le comptait, il ferait encore un bénéfice fort raisonnable de 16 %. Mais il ne faut pas être grand devin pour supposer qu’il lâchera de faire retomber tout ou partie de la différence entre 16 et 20 % sur le dos du propriétaire, qui le fera retomber à son tour sur le dos du locataire.

Il y a donc beaucoup à faire pour équilibrer les salaires d’industrie à industrie, et pour répartir d’une façon plus équitable les bénéfices entre le travail et le capital. Les salaires n’ont pas augmenté comme le prix des subsistances. D’une étude faite par M. John Holmes de Leeds, il résulte que, depuis 1810, les revenus des propriétés territoriales ont triplé et quadruplé ; que, depuis 1830, les revenus des entreprises industrielles ont quintuplé et sextuplé, tandis que, dans les mêmes laps de temps, les salaires ont dans les manufactures à peine augmenté de moitié, et dans les campagnes, d’un tiers à peine. En conséquence, la mortalité des pauvres reste à peu près la même, tandis que la vie moyenne des riches augmente sensiblement.


Quoi qu’il en soit des avantages que peut procurer aux ouvriers une augmentation de leurs salaires, Preston nous donnera un triste exemple de ce que peuvent coûter les grèves, au moyen desquelles on veut se procurer cette amélioration.

xx On se rappelle qu’il s’agit du chômage de 12 000 ouvriers pendant trente-huit ou trente-neuf semaines. La perte en salaires s’élève environ à ..... 10 000 000 fr.
et ce chiffre n’est pas le plus fort de ceux qui nous ont été indiqués.

La grève a vidé les caisses de diverses Unions, car elle a été largement appuyée par les autres industries. Ainsi les Mécaniciens réunis lui ont compté en une seule fois 75 000 francs. La grève a absorbé en secours une somme de

2 400 000 fr.
xx Les économies perdues, les objets abandonnés au Mont-de-Piété, les maladies, les détériorations de vêtements, de mobilier, provenant d’une misère prolongée ont dû se traduire par des pertes énormes. Dans l’impossibilité où nous sommes de les évaluer même approximativement, nous les indiquons ici pour mémoire.

Ce qui nous donne en perte sèche pour les ouvriers, un minimum de .....

12 400 000 fr.