Page:Reclus - La Commune de Paris au jour le jour.djvu/47

Cette page a été validée par deux contributeurs.
37
journal de la commune

instant de donner leur démission à l’ouverture de la séance de nuit, mais Thiers, mais Grévy, mais Favre, mais Picard, mais Simon, mais Barthélémy St-Hilaire, effrayés des suites possibles de la grossière incartade des ruraux, négocièrent aussitôt, promettant réparation au nom de la Patrie éplorée, suppliant de ne pas envenimer nos discordes, etc., etc. Et nos Messieurs de la gauche et des municipalités crurent être magnanimes en pardonnant l’offense qui avait été faite à la République.

À la séance de nuit, le président Grévy intervient avec un gros mensonge : il déplore la fâcheuse méprise, il déplore le malentendu qui a fait coïncider l’arrivée de la délégation parisienne avec la clôture de la séance…

L’honnête Jules Simon et M. Jules Favre, qui n’est point faussaire, se sont alors portés garants de la véracité de M. le président Grévy, et la majorité penaude approuvait de « très bien ! » les excuses que l’on présentait pour elle, puis écoutait avec componction les propositions des maires :

1o Que l’Assemblée se mette à l’avenir en communication plus directe et plus intime avec les municipalités parisiennes ;

2o Qu’elle autorise les maires à prendre les mesures que les circonstances exigeraient ;

3o Que les élections de la garde nationale aient lieu dans les cinq jours ;

4o Que l’élection d’un nouveau Conseil municipal ait lieu avant le 3 avril, sous la présidence des maires et adjoints actuels.

Au lieu d’être discutées immédiatement, ces propositions sont renvoyées aux bureaux par l’Assemblée, qui entend de cette façon sauvegarder sa dignité. Le renvoi aux bureaux est le plus souvent un enterrement de première classe.

Un champêtre naïf s’adresse ensuite à l’Assemblée : « Ne trouvez-vous pas étrange que dans ce grand mouvement de l’Ordre, manifestation des Gourdins réunis, place Vendôme, qui se reforme sous le canon de l’insurrection, il n’y ait aucun de vous pour représenter le drapeau de l’Assemblée ? »

Une voix : « Il y a donc deux drapeaux ? »