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journal de la commune

seulement pour la conclusion de la paix, en a-t-elle le droit ?) et qu’après la promulgation de la nouvelle loi municipale, et seulement alors, Paris aurait le droit de procéder à de nouvelles élections. En d’autres termes, le Gouvernement nie le fait accompli, il nie que l’Hôtel-de-Ville et virtuellement Paris entier soient entre les mains du Comité central. Il ne veut pas demander l’avis du suffrage universel et préfère que « la poudre parle », car « il faut que force reste à la loi ! »

À Louis Blanc qui, avec tous les membres de la députation de Paris, même les plus foncés en couleur, avait pris parti pour les municipalités contre le Comité central, à Louis Blanc conjurant l’Assemblée de faire de la conciliation et non pas de la provocation, le général Trochu répond par des récriminations sur les assassinats des généraux Thomas et Lecomte : « Notre loi de siège n’est pas une loi de voleurs, mais une loi de protection contre les malfaiteurs. Pendant le siège de Paris, l’ennemi était à la fois au dehors et au dedans. (Acclamations des ruraux. Oui, oui ! C’est vrai.) Au dedans, il y avait une officine prussienne à laquelle était annexée une fabrique de thalers ; il y avait même une officine française qui pénétrait partout et nous attaquait par derrière, alors que nous faisions le possible pour nous défendre par devant. Il y avait des scélérats, (Mouvement.) il y avait des scélérats qui recevaient de toutes mains, qui paralysaient et déshonoraient nos efforts ; ils avaient le meurtre pour moyen. (Profonde sensation et applaudissements.) Vainement aujourd’hui, les meneurs de cette guerre civile voudraient en décliner la solidarité, la responsabilité. (Bravos.) Ce sont eux qui, dix fois pendant le siège, je l’atteste devant le pays, ont failli amener les Prussiens devant Paris : ce sont eux qui vont les y ramener. Je déclare que pendant le siège, tant contre les ennemis du dehors que contre ceux du dedans, le général Clément Thomas a été mon collaborateur le plus courageux. Je demande que sa famille et celle du général Lecomte soient adoptées par la France ! »

Voilà donc M. Trochu qui avoue, qui proclame que le président du Gouvernement de la Défense Nationale ne regardait les Prussiens que d’un œil, gardant l’autre pour surveiller les Parisiens. Les Prussiens n’étaient pour lui