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journal de la commune

veille de la discussion qu’elle bâcla l’affaire en quelques heures. Le rapporteur, M. de Meaux, un grand personnage, car il est neveu de M. de Montalembert, de jésuitique mémoire, n’a vu dans cette affaire qu’une bonne occasion de récriminer contre la démagogie. « L’effort de la démagogie au 31 octobre avait déjà compromis le succès de la défense et de la paix. Depuis lors, le triomphe de la démagogie au 18 mars a suspendu l’évacuation du territoire. Si l’étranger est entré chez nous il y a neuf mois, c’est l’Empire qui l’a attiré. — Oui, très bien — et s’il reste aujourd’hui sous Paris, c’est la Commune qui l’y retient. » — Applaudissements, — et voici la conclusion du noble rapporteur, elle est curieuse et montre à nu l’infatuation de ces imbéciles qui se rengorgent encore dans leur vanité et ne se savent pas déshonorés à tout jamais, qui, sourds aux menaces de L’Allemagne triomphante, sourds aux gémissements de la France navrée et meurtrie, ne voient plus que l’objet de leur haine, Paris, qu’ils veulent égorger :

« La démagogie qui travaille souterrainement depuis quatre-vingt ans, depuis la Révolution française qui n’est que démagogie, a rassemblé tous ses efforts pour engager une lutte désespérée contre la société et la civilisation. Nous la vaincrons, la démagogie, nous l’étoufferons. Alors la France reprendra son rang dans le monde, et les puissances qui nous ont délaissés rechercheront un jour notre arbitrage ».

C’est donc entendu. C’est la démagogie qui a déclaré la guerre à la Prusse. D’autres orateurs dans cette fameuse séance s’en étaient pris à l’Empire. — Non, c’est la faute au 4 septembre, avocassait un avocat de Toulouse, M. Dupeyre, Non ! c’est la faute de l’Insurrection du 18 mars, croassait de sa voix la plus rauque et la plus cassante le général Chanzy, un ex-héros qui a été déjà jeté au rebut.

Le temps que les récriminations contre la démagogie ont laissé de reste aux honorables, ils l’ont employé à savoir s’il était logiquement moins désastreux d’abandonner les abords de la forteresse du Luxembourg ou les abords de la forteresse de Belfort. Quelqu’un leur dit avec grand sens : « Croyez-en les stratèges de Berlin, s’ils préfèrent le Luxembourg, c’est que vous devez vous cramponner au Luxembourg ». Les généraux de la Chambre et M. Thiers