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journal de la commune

lier de l’Allemagne se voit dans l’obligation de nous imposer des conditions plus dures…

Maître Favre, votre plaidoirie est votre propre condamnation. Si M. le chancelier d’Allemagne vous traite plus durement parce que vous êtes affaibli par la guerre civile, M. le chancelier d’Allemagne aurait assurément adouci ses conditions si lors que vous vous êtes présenté, le 10 mai, pour le règlement définitif, vous aviez fortifié la France par l’apaisement de la guerre civile. Vous savez que la Prusse n’a cessé de prendre ses précautions, même contre vous, de peur que la réconciliation de l’armée et de la garde nationale, de Paris et de la province, de la bourgeoisie et du prolétariat ne fissent de nouveau une France forte et puissante, capable au moins de discuter le traité de paix et d’exiger que, parce que M. de Bismarck a gagné, il ne triche pas au jeu pour cela, et qu’il n’ajoute pas le poids de son épée et de son insolence dans la balance qui outrepèse notre honte et notre infamie. Avant d’aller à Francfort, que n’ètes-vous passé par Paris, maître Favre, porteur d’un message de Versailles : « Commune, tu détiens Paris ; moi, l’Assemblée, je détiens la province. Le traité qui va être signé engage tant Paris que la province, va engager cette génération et peut-être celles qui suivront, que nos canons se taisent au moins pendant les négociations, que l’infernal charivari de la guerre civile ne couvre pas la voix de nos députés à la Conférence… » Certes M. de Bismarck n’eût pas alors haussé ses exigences, car la Commune eût volontiers signé la trêve, cent mille gardes nationaux eussent déposé leur fusil avec enthousiasme et la guerre serait devenue la paix nationale et internationale.

Mais pareilles idées n’entrent pas dans vos cœurs, maître Favre, M. Thiers, et vous, gens de l’Assemblée, de l’Assemblée qui n’a su faire avec l’étranger vainqueur qu’une paix sans dignité et qu’une guerre à outrance aux concitoyens. Malheureux ! si la France périt, vous aurez été les artisans de sa ruine. L’histoire vous flétrira, la postérité justicière vous exécrera !

Lundi, 15 mai.

Le Comité de Salut Public,

« Considérant que, ne pouvant vaincre par la force la