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journal de la commune

tituer sa horde des prétoriens du prolétariat. L’armée du travail aura sa garde impériale, on ne manquera pas de l’affirmer, formidable instrument du travail, pouvoir absolu. Dans chaque ville, dans chaque hameau, le Gouvernement enregistrera des salariés privilégiés, attachés à lui par des liens dont il se servira comme de rênes pour les mener voter ou combattre aux jours de crise — et qui sait, même ! pour leur demander peut-être d’autres services.

Si tous ces beaux parleurs et détracteurs de parti-pris voulaient seulement aller rue Turbigo et honnêtement écouter du Gérant des Tailleurs les résultats obtenus par leur association pendant le premier siège et ceux qu’elle obtient en ce moment !

13 mai.

De toutes les séances de la Chambre, même après celles consacrées à insulter Garibaldi, Victor Hugo, à ratifier comme un fait les préliminaires du Traité de paix, une des plus importantes et des plus instructives est assurément celle du 11 mai dernier, continuation immédiate de celle qui avait eu lieu la veille, nouvelle explosion de rage stupide contre toute tentative de pacification.

Cela débute par un vidame de Belcastel interpellant le sieur Dufaure, Garde des Sceaux, ministre de la Justice. De Belcastel se méfie encore du sieur Dufaure, l’auteur pourtant de la fameuse circulaire par laquelle il enjoint aux procureurs généraux de poursuivre avec la dernière rigueur les hypocrites et scélérats, coupables de s’interposer entre les Français qui s’égorgent, coupables de conseiller dans les journaux la cessation de la guerre civile par des concessions réciproques. Tant de zèle ne suffit pas encore à de Belcastel, qui, voyant Paris déjà pris d’assaut, exige du Garde des Sceaux un nouvel engagement comme quoi les exécutions seront terribles. De Belcastel est pieux, de Belcastel est chrétien, il prétend que, par suite de l’arrestation d’un archevêque, d’un évêque et d’un curé, l’exercice du culte catholique à Paris est suspendu, — ce qui n’est point vrai, M. de Belcastel ! — Il serait injurieux de douter, et M. de Belcastel n’en a pas douté un seul instant, que les lois pénales contre ceux qui troublent l’exercice du