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journal de la commune

Châtillon ou le Mont Valérien : on bombarde Paris de coups de pierre ou de mottes de terre.

En passant, nous entendons un Rossel et un Mac-Mahon faire leurs petits arrangements : « Demain, grande bataille après la classe. Tu seras l’Exécutif, et moi je te rosserai. »

Quand on peut s’arracher par extraordinaire aux préoccupations multiples qui encombrent nos esprits dans le tourbillon qui nous emporte, lorsque surgit une vision fugitive du monde et de nous-mêmes, nous regardons avec étonnement les nuages blancs dans les cieux azurés : « Tiens ! les hirondelles sont revenues. Le saviez-vous ? Comme les cytises seraient beaux si on avait le temps ! Et par delà les touffes vertes des marronniers diaprés de blanc et de rose apparaissent des fumées… Sont-ce là les batteries des Hautes-Bruyères ou du Moulin-Saquet ? À travers le babil des moineaux joyeux, on distingue le crépitement des mitrailleuses lointaines et la sourde note des fusillades.

Mercredi, 10 mai.

Le Congrès des villes de France donne aux gens de bien quelque espoir de mettre un terme aux meurtres et aux assassinats… Cela met en rage le vieux catarrheux Baze, qui vient dénoncer la chose à l’indignation de l’Assemblée.

«…Il s’est formé une association sur plusieurs points du territoire, une ligue comme elle s’appelle, rivale de cette assemblée, une fédération dont le but est de lutter contre vous et de vous renverser… La ville de Bordeaux est entrée dans cette voie plus avant que les autres, ses journaux proclament la République comme indiscutable… Contre cette secte, il faut que la Chambre proteste de toutes ses forces… La secte entend que l’armée soit exclue des villes, que la Garde nationale élise tous ses chefs… Le Congrès nommerait des délégués pour se mettre en relation avec la Commune de Paris, en même temps qu’une députation serait envoyée ici pour obtenir de Versailles, c’est ainsi qu’on désigne cette Assemblée, de mettre un terme à la guerre impie. Or, cette guerre, dont on vous impute la responsabilité, c’est à vous et à vous seuls qu’on demande d’y apporter un terme… Ces insultes vous sont adressées, à vous les représentants de la France, hommes éminents