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journal de la commune

tout entières — les femmes du peuple surtout — à la grande cause de Paris. Qu’elles entrent donc d’action dans la lutte autant qu’elles y sont de cœur. Plusieurs le désirent, plusieurs le peuvent. Louise Michel, Mme Eudes, Mme Rochebrune, bien d’autres ont déjà donné l’exemple. Elles font l’orgueil et l’admiration de leurs frères d’armes dont elles doublent l’ardeur. Quand les filles, les femmes, les mères combattent à côté de leur fils, de leurs maris, de leurs pères, Paris n’aura plus la passion de la liberté, il en aura le délire.

Nombreux sont ceux que, chaque matin, une femme embrasse plus tendrement, car, le soir, il pourra être tué, l’objet de tant de soucis et d’affection. Le caractère se trempe, le moral se transforme sans même qu’on s’en doute. Et nombreuses sont les héroïnes immergées dans le peuple, qui ne se savent pas dignes d’admiration, et qui ne le sauront jamais.

Mardi 9 mai.

Le 30 avril dernier, à la réélection générale des municipalités par toute la France, les mauvais citoyens, les républicains, voulons-nous dire, ont obtenu un étonnant succès. Les élections complémentaires du 7 mai leur ont été encore plus favorables, si possible. Le gouvernement de Versailles avait cassé les élections de Lyon par trop républicaines, Lyon a réélu des républicains radicaux. À Lyon, à Marseille, à Bordeaux, à Limoges, au Havre, à Montpellier, à Clermont, à Lille, à Saint-Étienne — inutile de pousser plus loin la nomenclature — radicaux ou modérés, tous républicains ont passé.

C’est un événement considérable et d’un heureux présage pour l’avenir. Après tant de malheurs, au milieu de toutes nos calamités, un incident favorable nous étonne, une heureuse nouvelle nous déconcerte.

Le succès de la République dans les villes de France a donné une plus forte impulsion à l’idée d’un arbitrage des conseils municipaux intervenant dans notre guerre civile pour y mettre fin. Entre Paris révolutionnaire et la province plébiscitaire, que les grandes villes dans lesquelles domine la République radicale, que les villes moindres vouées à la