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journal de la commune

de tort à la cause de Paris que Mégy, dont la bravoure n’est contestée par personne, en quittant son trou à obus. — « Lorsque l’audace est inutile, avait fort bien dit Cluseret, en entrant en fonctions, elle est ridicule. » — Tout ce que nous avons regretté, c’est que Mégy en abandonnant le fort, ne l’ait pas fait sauter, comme on nous l’avait promis.

Quoi qu’il en soit, il a été décidé que le drapeau rouge serait replanté sur le fort d’Issy, et des enfants perdus se sont présentés pour cette prouesse que nous préférions voir réservée pour de meilleures occasions.

Au lieu et place de Cluseret, ils ont nommé Rossel, un ancien officier de l’armée de Metz. Cet homme qui est responsable de nos destinées, personne ne paraît savoir réellement qui il est. On ne le connaît que par son excessive sévérité au Conseil de Guerre, mais il est du métier, et une vague rumeur lui attribue même du génie.

« En passant rue Pergolèse, nous avons vu des jeunes garçons de dix ans environ qui avaient les deux joues et les sourcils brûlés par un éclat d’obus. Ce sont deux pauvres abandonnés par leurs parents émigrés en province et qui n’ont d’autres moyens d’existence que la vente des éclats d’obus qu’ils ramassent après la chute des projectiles.

« Sait-on quel a été leur premier soin en entr’ouvant les yeux ? Ils ont bien vite ramassé les éclats, peu nombreux mais fort gros, de l’obus qui a failli les tuer et les ont mis dans un sac pour les vendre avec la provision de la veille. Et, comme nous leur faisions observer les dangers auxquels ils s’exposaient pour gagner quelques centimes :

« Quelques centimes ! Mais chacun de ces gros morceaux nous sont payés dix sous et cinq sous les petits par un Anglais qui en fait le commerce et les expédie en Angleterre où il les revend très cher ». (Mot d’Ordre).

Lundi, 1er mai.

SOMMATION

Au nom et par ordre de M. le maréchal commandant en chef l’armée, nous, major de tranchée, sommons le commandant des insurgés, réunis en ce moment au fort d’Issy,