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journal de la commune

je lis avec stupéfaction des Lettres de Paris racontant aux habitants d’un autre monde ce qui est censé se passer dans nos quartiers. J’en extrais d’intéressantes nouvelles :

« … L’aspect de la capitale se revêt par moment des teintes les plus funèbres.

« C’est bien la terreur, la terreur dans ce qu’elle a de plus hideux qui règne à Paris.

« Les malheureux habitants en sont à se défier les uns des autres par suite de dénonciations. La plupart des hommes valides fuient leur domicile par crainte des enrôlements par force. Les femmes affolées courent les rues à la recherche de cachettes pour leurs bijoux, de protections diplomatiques pour quitter Paris ou faire parvenir leurs lettres.

« Enfin les rues sont sillonnées, pendant le jour, par des escouades de gardes-nationaux à l’aspect féroce, qui arrêtent les passants sous des menaces atroces, les forcent à s’incorporer aux bataillons de marche. Ni l’âge ni la nationalité ne sont plus respectés.

« Une fois la nuit venue, ces patrouilles sont remplacées par des bandes de pillards, où les femmes figurent en nombre, et qui envahissent les appartements et les dévalisent ».

« En somme, nous dit la personne digne de foi qui nous communique ces tristes renseignements, « Paris est devenu un enfer qui rappelle les cavernes des brigands légendaires ».

Nous extrayons le passage suivant d’une lettre adressée à un fonctionnaire de la ville de Paris, résidant actuellement à Versailles, par une personne digne de foi. On verra avec quel sans-gêne les fonctionnaires de la Commune s’installent dans les meubles de ceux qu’ils ont la prétention de remplacer.

Paris, 20 avril 1871.

« Je profite d’une occasion sûre pour vous envoyer quelques nouveaux détails. M. X. a dû vous dire que, non seulement votre appartement a été ouvert indûment, mais encore que toutes vos armoires et votre cave ont été fracturées. Votre successeur habite en maître votre maison. La