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journal de la commune

l’attaquée et l’opprimée. Et, pour la première fois depuis sa fondation séculaire, elle a arboré au grand jour les emblèmes de ses arcanes mystérieux, elle les a plantés résolument à côté du drapeau rouge de la Commune.

C’était un spectacle solennel que ce cortège de 10 à 11 000 hommes se rendant de la Place du Carousel à la Place de l’Hôtel de Ville au milieu des acclamations. La foule, raconte un frère, se pressait immense, silencieuse et recueillie. Il y avait quelque chose de religieux et dans l’acte accompli par les maçons et dans le respect dont il était salué par le peuple accouru… Les antiques bannières, qui n’avaient encore connu que le repos du Temple, venaient pour la première fois flotter au vent de la Révolution et couvrir de leurs plis protecteurs la Grande Cité. En tête de la colonne et comme une éclatante protestation contre les bombardements ruraux, marchait le blanc étendard de la Loge de Vincennes, sur lequel on lisait : « Aimez-vous les uns les autres ! »

À la suite des dignitaires de la Maçonnerie, décorés du cordon jaune et vert du Grand Orient ou du cordon blanc des députés écossais, on voyait se presser les maçons de tous les rites : français, écossais, Misraïm et Memphis. Les simples rubans blancs des maîtres figuraient à côté de la pourpre et de l’or des Rose-Croix, les Kadolph aux écharpes noires brodées d’argent côtoyaient les Misraïmites aux cordons verts. Des sœurs, quelques-unes vêtues de noir, quelques-unes avec des insignes maçonniques, accompagnaient, leurs époux et leurs frères.

À onze heures du matin, les francs-maçons faisaient leur entrée dans la cour de l’Hôtel de Ville. La Commune tout entière les attendait sur le balcon devant une statue de la République, ceinte de l’écharpe rouge…

Le citoyen Félix Pyat, membre de la Commune.

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Beslay, un vieux républicain dont le père siégeait à la Convention :

« Citoyens frères, comme doyen de la Commune de Paris et aussi de la Franc-Maçonnerie de France dont j’ai l’hon-