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journal de la commune

Il est certain que la lutte devenant de jour en jour plus acharnée, des hommes qui eussent préféré conserver une neutralité pacifique et bienveillante sont obligés de se ranger d’un côté ou de l’autre, et de dégainer. Cela nous mène aux catastrophes. Mais le Frère a raison. Dans la lutte suscitée par Versailles contre Paris, il y a des rancunes de prêtre, des haines jésuitiques, il y a la lutte séculaire de l’État théocratique contre l’État athée. Versailles veut en finir avec Paris, parce que Paris est le chantier du Travail contre le Capital, de la libre pensée contre l’autorité sacerdotale. Ah ! s’il ne s’agissait que d’un peu plus ou d’un peu moins de décentralisation, il y a longtemps que le feu des canons serait éteint.

Mercredi 26 avril.

En même temps que les Francs-Maçons de Paris, le Conseil Municipal de Lyon avait envoyé des délégués auprès de M. Thiers pour le conjurer de ne pas pousser les choses à l’extrême et de rebrousser chemin dans les voies sanglantes de la guerre civile. M. Thiers l’a pris gaiement et légèrement avec ces Messieurs de Lyon ; il leur a répété ce qu’il avait déjà dit aux députés du Commerce et de l’Union Républicaine, que nous sommes vraiment en République, aussi longtemps que lui, Thiers en sera le Président, et que s’il emplit toutes les places quelconques, toutes les avenues et positions stratégiques d’ennemis de la République, ce n’est point pour nuire à la République, mais, tout au contraire, pour accoutumer la France à la République, en lui conciliant tous les partis !

Nous avons vu ces braves Lyonnais à Paris. La Commune les a bien reçus. Tout les citoyens leur ont fait ici un accueil des plus sympathiques : Sauvez-nous ! que la province arrête les fureurs et les ignobles emportements de cette Assemblée rurale qui se targue de la représenter » ! Les Lyonnais, désolés, hochaient la tête : « C’est peut-être la fin de la République ; c’est peut-être la fin de la France » !

De retour dans leur ville, ils ont adressé un appel tant à la Commune qu’à l’Assemblée Nationale. Lyon, la fille aînée de France, la digne sœur de Paris, a noblement, a