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journal de la commune

À Paris, champ sublime où j’étais moissonneur,
À la patrie, au toit paternel, au bonheur.
Mais j’entends rester pur, sans tache et sans puissance.
Je n’abdiquerai pas mon droit à l’innocence.

Victor Hugo.


Mercredi 25 avril.

Entretemps, on parle toujours de ce pauvre archevêque de Paris, détenu comme otage par la Commune, et responsable sur sa tête de l’humanité de personnages tels que les généraux Vinoy et Valentin, Donay et de Galliffet, soit que la menace de la Commune ait produit son effet, soit que Versailles soit revenu de lui-même à de meilleurs sentiments ; c’est de loin seulement qu’on entend parler de fédérés prisonniers fusillés par les lignards — et devant la difficulté d’aller aux preuves, la Commune a jusqu’ici reculé devant la mise en œuvre de ses décrets du 5 et du 7 avril ordonnant de sanglantes représailles. Il est malheureusement trop vrai que les Versaillais nous fusillent tous les jours d’anciens soldats et marins pris dans les avancées : la Commune n’a pas l’air de s’en apercevoir, aussi les soldats et marins enrôlés dans ses rangs murmurent, et ceux qui pourraient s’enrôler montrent généralement peu de zèle à le faire. Ils reprochent à la Commune de les laisser assassiner. À tort ou à raison, la Commune n’a pas osé les venger en assassinant à son tour.

On s’occupe donc du cas de Monseigneur Darboy, qui, sans être le Primat des Gaules comme on le dit, marche en France à la tête des Princes de l’Eglise. Il n’est point cardinal vu que Pio nono le déteste et redoute en sa personne le chef possible d’une Église Gallicane et déteste en lui un Anti-pape ou tout simplement un successeur. Ce n’est pas un mince otage dont la Commune s’est saisi. — Selon son propre témoignage, lui et sa sœur ont été traités avec égard et prévenances ; on apporte à sa grandeur sa nourriture d’un restaurant de la ville, racontent les journalistes anglais qui ont été le visiter à Mazas ; il reçoit tous les journaux, les dévotes ne se font pas faute de lui envoyer des délicatesses et d’aimables messages. Comme leur sort diffère de celui de nos pauvres prisonniers à Versailles,