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journal de la commune

s’agite impuissante. Elle est en horreur aux Parisiens qui attendent avec impatience le moment d’en être délivrés.

« L’Assemblée nationale, serrée autour du Gouvernement, siège paisiblement à Versailles où achève de s’organiser une des plus belles armées que la France ait possédées. » (La phrase est devenue célèbre.)

« Les bons citoyens peuvent donc se rassurer et espérer la fin prochaine d’une crise qui aura été douloureuse mais courte.

(En écrivant ces mots, M. Thiers donnait ses derniers ordres pour l’attaque de Neuilly le lendemain matin.)

« Ils (les bons citoyens) peuvent être certains qu’on ne leur laissera rien ignorer, et que lorsque le Gouvernement, se taira, c’est qu’il n’aura aucun fait intéressant à leur faire connaître. »

« 5 avril.

L’attaque de M. Thiers contre Neuilly a échoué, l’attaque de la Commune contre Versailles a également échoué. M. Thiers sent le besoin de se justifier, insulte les gens de la Commune et surtout les accuse de mensonge :

« Les hommes qui ont mis la main sur Paris n’épargnent rien pour le tromper, pour faire haïr le gouvernement qui défend l’ordre et la loi, c’est-à-dire la liberté et la République ! Après s’être emparés de Paris par un coup de force, et grâce à l’horreur qu’inspirait l’effusion du sang, après avoir cru s’assurer leur prise, grâce à un simulacre d’élections, répudiées comme dérisoires par les citoyens éclairés, ils ont soin d’isoler Paris de tout ce qui pourrait jeter la lumière sur les événements… »

(C’est donc la Commune qui entoure l’enceinte de Paris d’un cercle de canons et de baïonnettes, c’est la Commune qui saisit les journaux et correspondances de Paris pour la province et de la province pour Paris, et les entasse par milliers ou par millions dans les caves de Versailles.)

« Ils affectent d’en appeler à l’opinion publique… Après avoir fermé Paris au gouvernement et à la légalité, ils ont ouvertement tenté de les attaquer jusqu’à Versailles, de chasser les représentants des droits et de la volonté de la nation, les élus de ce suffrage universel qu’ils feignent d’invoquer. Repoussés par l’armée, ils l’accusent de les