Page:Reclus - La Commune de Paris au jour le jour.djvu/113

Cette page a été validée par deux contributeurs.
103
journal de la commune

Nos représentants concluent : « Notre ligne est toute tracée… Nous ne nous décourageons pas, nous restons au poste que vos suffrages nous ont assigné… Si la République court des dangers, nous la défendrons avec les seules armes efficaces, la discussion libre et la raison. »

Chacun accomplit son devoir comme il l’entend. À vos deux cent mille électeurs de défendre Paris comme ils le pourront, en lui faisant un rempart de leurs corps. Ils combattront, vos électeurs, et non pas en un tournoi littéraire, ils se battront puisqu’on les attaque ; ils tomberont, s’il le faut, le père à côté du fils, le frère à côté du frère.

Quant à vous, messieurs les représentants de Paris, qui fûtes nos initiateurs, nos guides et nos modèles, rentrez dans cette Assemblée qui n’a cessé de vous huer et de vous railler, rasseyez-vous dans vos fauteuils de législateurs, attendant à votre poste le jour où vous pourrez affronter pour la République les dangers que la raison fait encourir dans une libre discussion. Les séances terminées, vous avez le droit maintenant de vous rallier au cortège de M. Thiers. M. Thiers aurait même mauvaise grâce à vous refuser une place dans son carrosse, depuis que vous lui avez si obligeamment prêté votre parole d’honneur et vos signatures. Représentants de Paris ! vous n’ignorez pas que les généraux Vinoy et Valentin, Ladmirault et Laveaucoupet, enferment un exemplaire de votre déclaration dans toutes leurs boîtes à mitraille et dans chacune de leurs bombes explosives. Citoyens de Paris, elle a son laissez-passer, signé de vous, toute balle qui va trouer le cœur d’un citoyen de Paris. Et si vous nous revenez à la suite des zouaves pontificaux et des argousins bonapartistes, si vous revenez derrière les généraux vainqueurs, regardez cependant avec quelque indulgence les cadavres de vos ayant-droit ; pardonnez ce que vous appelez leur révolte à ceux que vous verrez couchés sur le sol sanglant, veuillez considérer qu’ils n’ont pas su distinguer suffisamment entre la décentralisation, raisonnable et la décentralisation excessive, et qu’inexperts dans nos traditions d’unité nationale, ils ont regardé par delà notre France et se sont portés avec une passion trop désintéressée peut-être vers l’idéal de la République Universelle et de la fraternité des peuples !