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russie et géorgie

bien de remettre son royaume entre les mains du tsar de toutes les Russies, celui-ci donna sa « parole impériale » qu’il respecterait à tout jamais les droits et privilèges de ses loyaux Géorgiens ; ils refusent de se rappeler que l’on garantit à la nation le maintien de sa langue, de ses coutumes, de sa religion, de sa milice, même de sa monnaie. Et pendant tout le dix-neuvième siècle, l’unique politique des tsars fut de combattre l’antique civilisation et de supprimer les relations déjà établies avec l’Occident qui avait introduit sa littérature dans le pays.
Cl. Djordjatzé.
église et chateau de childa-inisséli.
vallée de l’alazan, géorgie
. Et, maintenant, les recrues géorgiennes sont déportées dans la Russie du nord, jusque dans la Sibérie, la langue kartvel est prohibée devant les tribunaux, dans les écoles, dans les séminaires ; en mainte église elle est également défendue. Pour rompre la nationalité géorgienne, le gouvernement rachète ou exproprie des territoires considérables qu’il répartit entre des colonies de Cosaques ou de paysans russes. Pendant la guerre de Crimée, les Géorgiens jouirent d’une sorte de neutralité tacite, mais, depuis cette époque, le régime d’oppression est devenu plus rude et ressemble même à celui de la Pologne, avec cette aggravation que la présence de plusieurs races permet au pouvoir central de les exciter les unes contre les autres et « d’assurer l’ordre » à peu de frais[1]. Les poètes de la nation comparent tristement leur patrie à l’ancêtre

  1. Warlam Tcherkesof, Notes manuscrites.