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l’homme et la terre. — latins et germains

jeunesse forment en place des tas d’ossements rongés, il ne reste plus qu’à déblayer le sol de tous ces débris du moyen âge. En Autriche, plus que partout ailleurs, c’est le balai qui devrait être le grand instrument de règne.

Cl. du Globus.

portion d’un village des polabes

Les nationalités s’éveillent de plus en plus, se préparent à la lutte et n’admettent plus un milieu fonctionnant seulement en vue de dresser des corvéables et des soldats. Un nouvel équilibre se constitue et tous les intéressés qui entourent ce monde en voie de refonte suivent avec avidité les péripéties d’une genèse qu’ils espèrent modifier à leur avantage. Ainsi l’Allemagne ne se contente pas de veiller à sa part légitime d’accroissement, qui est la région occupée par la population de langue germanique : elle regarde par delà les Alpes, jusqu’aux bords de l’Adriatique, et réclame comme devant lui revenir cette même ville de Trieste que l’Italie revendique également et que les Slaves de l’Istrie disent aussi leur appartenir de droit.

Comment régler tous ces conflits, calmer toutes ces convoitises sans démuseler les chiens de la guerre. La même question de balance entre les groupes nationaux qui rend l’avenir de la Balkanie si incertain menace également l’Austro-Hongrie, et ne pourrait être résolue que de la même manière, par la libre discussion entre gens de langues, de races, de mœurs, de coutumes différentes. La confédération de tous ces peuples divers, ennemis même, mais sollicités par des intérêts généraux