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l'espagne nouvelle

volonté dans les conseils de l’Europe, elle a cherché à se dédommager par des annexions de territoires au delà des mers : après la Grande Bretagne, elle est la nation militaire qui a le plus subi cette maladie contagieuse à laquelle Novicov a donné le nom de « kilomètrite »[1]. L’étendue de l’empire colonial qui, d’après les cartes, est censé appartenir à la France dépasse de beaucoup en superficie l’espace que la métropole occupe en Europe.

Cl. Ant. Thomas.

vue générale de barcelone


La conséquence inévitable de toutes ces annexions est d’affaiblir le pays, sinon colonisateur du moins conquérant : cette végétation touffue de rameaux adventices doit épuiser la sève du tronc principal. Il suffirait que la puissance fût engagée en des entreprises vitales d’attaque ou de défense avec le reste de l’Europe pour qu’il lui devînt impossible de s’occuper des contrées situées complètement en dehors de son orbite d’attraction. N’est-ce pas là d’ailleurs ce qui arriva pendant les guerres de la Révolution et de l’Empire ? La plupart des possessions françaises d’outre-mer cessèrent de lui appartenir parce que nul intérêt ne portait les populations indigènes à se défendre contre la moindre attaque des vaisseaux anglais qui « commandaient aux flots ». Et même pendant la guerre de 1870, des territoires désignés

  1. Conscience et volonté sociales, pp. 277 et suiv.