Page:Reclus - L'Homme et la Terre, tome V, Librairie universelle, 1905.djvu/222

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
217
expédition du mexique

toutes les familles princières d’Europe vers laquelle les fanatiques de la tradition de servitude lèvent les yeux avec le plus de vénération. Le moment semblait bien choisi pour introniser le descendant des Habsbourg en ce pays qui avait été conquis par les lieutenants de Charles-Quint. En effet, la « doctrine de Monroë »
Cl. Lippincott.
benito juarez, 1806-1872.
Président de la république Mexicaine.
qui interdisait aux puissances d’Europe d’intervenir dans les affaires politiques des États américains se trouvait momentanément frappée de caducité puisque la république nord-américaine était alors désunie ; peut-être même les politiciens qui cherchaient à impérialiser le Mexique espéraient-ils que la force de l’exemple et la communauté des intérêts décideraient les États confédérés, c’est-à-dire l’aristocratie esclavagiste des régions floridiennes et mississippiennes, à s’allier intimement au nouvel empire mexicain.

Mais toutes ces combinaisons manquaient de prescience et de sagacité : la plus grande pensée de Napoléon III fut en réalité la plus grande folie. D’abord les troupes françaises, qui avaient combattu avec succès les plus redoutables armées sur les champs de bataille de l’Europe, se heurtèrent à de vaillants ennemis qu’elles avaient eu le tort de mépriser d’avance. Même la première rencontre sérieuse fut pour elles un insuccès : le 5 mai 1862, un assaut de Puebla fut victorieusement repoussé, et plus d’une année s’écoula avant que l’armée française pût