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l’homme et la terre. — chevaliers et croisés

sulmane l’entoura d’autant de vénération que la légende chrétienne, prétendant qu’à l’heure de la mort il s’était converti à la foi de l’Islam. Du moins il avait été le témoin involontaire de l’impuissance de la Croix contre le Coran, et son royaume, la France, qui avait été la première au mouvement des Croisades, y fut également la dernière, et en sortit lamentablement affaiblie. Akka ou Saint-Jean d’Acre, la seule citadelle que les chrétiens eussent gardée en Terre sainte, tomba en 1291, et ses défenseurs se dispersèrent en Europe et dans les îles de la Méditerranée. Des Croisades, il ne resta plus en Asie que des murailles, des traditions incertaines et, dans les montagnes du Liban, une vague sympathie des tribus chrétiennes pour la France catholique. Quant à la population métissée éparse çà et là dans Jérusalem, Antioche, Edesse et autres cités militaires, elle disparut rapidement : dans l’espace de quelques générations, les " poulains ", ainsi qu’on appelle les gens de race croisée, franque et orientale, se confondirent avec les indigènes comme les gouttes de pluie perdues dans le flot de la mer.