Page:Reclus - L'Homme et la Terre, tome III, Librairie universelle, 1905.djvu/199

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
183
souverains occidentaux en inde

nie, du moins attirée dans sa « sphère d’influence », comme le diraient des diplomates modernes : le conquérant macédonien ne faisait donc que se substituer à Darius en s’emparant de cette contrée.

D’après une photographie.

sagar et son lac artificiel, entre udjein et allahabad

Telle est la raison pour laquelle l’expédition d’Alexandre, qui accrut prodigieusement les connaissances des Occidentaux en étendant le monde de leur pensée, resta tout à fait inaperçue des Hindous eux-mêmes : on n’en voit trace ni dans leurs annales historiques ni dans les légendes transmises par la littérature. C’est que leur équilibre politique et social n’en fut aucunement changé. Alexandre, qu’ils virent seulement passer en apparition fugitive, ne fut pour eux qu’un lieutenant de Darius comme ils en avaient vu tant depuis deux siècles. Reinaud donne de ce fait une autre raison : les Brahmanes dominaient alors ; Alexandre, si grand qu’il fût, n’était pour eux qu’un de ces êtres impurs desquels il convient de ne pas faire mention[1]. Le roi macédonien voulait faire pâlir la gloire des dieux eux-mêmes : il

  1. Jos. T. Reinaud, Mémoire géographique, historique et scientifique sur l’Inde.