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Nos autres ancêtres, les Aryens d’Asie, chérissaient aussi les eaux courantes et leur rendaient un véritable culte dès l’origine des âges historiques. Vivant à l’issue des belles vallées qui descendent de Pamir, le « toit du monde » ils savaient utiliser tous les torrents d’eau claire pour les diviser en d’innombrable canaux et transformer ainsi les campagnes en jardins ; mais s’ils invoquaient les fontaines, s’ils leur offraient les sacrifices, ce n’est point seulement parce que l’eau fait pousser les gazons et les arbres, abreuve les peuples et les troupeaux, c’est aussi, disaient-ils, parce qu’elle rend les hommes purs, parce qu’elle équilibre les passions et calme les « désirs déréglés ». C’est l’eau qui leur faisait éviter les haines et les colères insensées de leurs voisins, les Sémites du désert, c’est elle qui les avait sauvés de la vie errante en fécondant leurs champs et en nourrissant leurs cultures ; c’est elle qui leur avait permis, de poser d’abord la pierre du foyer, puis le mur de la ville et d’agrandir ainsi le cer-