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instant à mes pensées sans qu’elles me ramènent aussitôt vers ces beaux pâturages au-dessus desquels se dressent les trois colosses, le Mœnch, TËiger et la Jungfrau avec leurs pyramides de neige rougissant au soleil, leurs glaciers abrupts, leurs énormes parois aux saillies mouchetées de neiges et leurs avalanches dont le tonnerre se prolonge en échos lointains. Depuis que j’ai vu la Wengernalp, je n’ai plus qu’un vœu : là revoir avec des amis à mon bras.

C’est à peine si j’ai vu le lac de Genève : un lourd brouillard pesait sur sa surface et me cachait la vue des montagnes de la Savoie. Ce n’est qu’à Genève même que le nuage de pluie s’est déchiré et que j’ai pu deviner la magnificence du paysage du lac et de ses bords. Heureusement que j’aurai sans doute plus d’une fois l’occasion de revoir la Suisse, car, désormais, je me sens attiré vers elle et ne négligerai aucune occasion d’y revenir.

De Genève, je me suis dirigé vers Nîmes par le lac du Bourget, Chambéry, la Chartreuse, Grenoble, la Salette, Gap, Sisteron, Aix, Roquefavour et Tarascon.

 

Nous partirons après demain pour Bordeaux où nous avons à régler quelques affaires d’intérêt, affaires où je me sentirai bien novice, puis nous irons embrasser notre grand-mère à la Roche et vers la fin de la semaine nous espérons être de retour à Paris.

Tout à toi, chère mère.

Ton Élisée.