Page:Reclus - Correspondance, tome 1.djvu/200

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Aux Élie Reclus.


Berlin. Sans date. Août 1859.
Mes excellents,

Je désire vivement que ma lettre ne vous trouve pas à Paris et qu’à l’heure où le facteur sonnera, vous soyez dans les flots de la Manche, occupés à faire des brassées. Si vous n’alliez pas prendre un peu de bon temps quelque part dans les forêts ou sur les falaises, vous me donneriez un vrai remords de voir tant de choses : il ne faut pas que je sois le seul à écarquiller les yeux, à ouvrir les poumons, à respirer et à jouir.

Depuis ma dernière lettre, nous avons vu Furstenstein dans le Riesengebierge, Dresde et la Suisse saxonne, les amis Dugerdil et Armin Früh. Furstenstein est un énorme chaudron creusé dans la montagne et semblable au cratère d’un volcan. Seulement ses parois sont de granit et revêtues d’arbres magnifiques. Les collines de la Suisse saxonne sont peut-être les plus curieuses que j’ai jamais vues ; je crois qu’elles tirent leur grandiose surtout de la comparaison qu’on établit