Page:Reclus - Correspondance, tome 1.djvu/168

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plus, l’association s’était augmentée de deux poules. Peu à peu, même avec ce lambin de Chassaigne, la plantation va cesser d’être simplement un rêve et quand on aura tué la fièvre jaune ou qu’on saura voler à quatre cents mètres au-dessus d’elle, nous viendrons tous ensemble respirer l’air pur sous les vastes feuilles du bananier.

Je continue à prendre des forces. Cependant, je ne puis encore ni courir, ni sauter, ni monter un escalier. Je ne pense pas sans frémir aux marches qu’il me faudra escalader quand j’aurai la joie d’aller vous embrasser. Les maux de tête sont plus rares et, quand j’aurai un lit pour me coucher, une chaise pour m’asseoir et quelque chose de bon pour accompagner mon pain, je pense que la maladie disparaîtra tout à fait. Je commence à avoir besoin de ces aises de la vie qui m’avaient paru inutiles auparavant. Ne m’envoyez pas d’argent, mais j’implore vos livres et vos journaux usés. M. X. et Cle, Paris et le Havre, expédiera le tout à M. Laborde, vice-consul à Riohacha. Mes bons Grimard Hickel, Élie, Noémi, vivez heureux.

Élisée.