Page:Rebière - Mathématiques et mathématiciens.djvu/473

Cette page a été validée par deux contributeurs.
458
MATHÉMATIQUES ET MATHÉMATICIENS

peut avoir donné naissance à une figure régulière. Sans doute finirions-nous par admettre cette possibilité exceptionnelle. Mais si, tout d’un coup, nous voyions le triangle se changer en carré, puis, quelques mois plus tard être remplacé par un cercle, alors nous admettrions logiquement qu’un effet intelligent prouve une cause intelligente, et nous penserions avec quelque raison que de telles figures révèlent, à n’en pas douter, la présence de géomètres sur ce monde voisin.

De là à chercher la raison du tracé de pareils dessins à la surface du sol lunaire, de là à nous demander pourquoi et dans quel but nos frères inconnus formeraient ces figures, il n’y a qu’un pas, bien vite franchi. Serait-ce dans l’idée d’entrer en relations avec nous ? L’hypothèse n’est pas déraisonnable. On l’émet, on la discute, on la repousse comme arbitraire, on la défend comme ingénieuse. Et pourquoi pas, après tout ? Pourquoi les habitants de la Lune ne seraient-ils pas aussi curieux que nous, plus intelligents peut-être, plus élevés dans leurs aspirations, moins empêtrés que nous dans la glu des besoins matériels ? Pourquoi n’auraient-ils pas supposé que la terre peut être habitée aussi bien que leur monde, et pourquoi ces appels géométriques n’auraient-ils pas pour but de nous demander si nous existons ? D’ailleurs il n’est pas difficile d’y répondre. On nous montre un triangle : reproduisons-le ici. On nous trace un cercle : imitons-le. Et voilà une communication établie entre le ciel et la terre, pour la première fois depuis le commencement du monde.

La géométrie étant la même pour les habitants de