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circonscrite, qui se préoccupent exclusivement de la génération présente, d’un nombre limité d’individus, sont représentés par le cercle et l’ellipse, courbes finies, fermées, embrassant un espace nettement circonscrit.

La parabole et l’hyperbole, au contraire, sont des courbes qui ne se terminent pas, qui s’allongent indéfiniment, comme le familisme qui songe aux arrière-neveux, comme l’ambition qui rêve la postérité.

Dans le groupe d’amitié règnent l’égalité et la confusion des rangs. Dans le cercle tous les rayons sont égaux, tous partent du centre et se réfléchissent au centre.

L’ellipse présente deux foyers. Tout ce qui part de l’un se réfléchit à l’autre, image exacte de ce qui se passe entre deux cœurs unis par l’amour. Si le plan de l’ellipse s’incline de plus en plus sur une des arêtes du cône, un des foyers s’éloigne et va se perdre à l’infini. Alors l’ellipse se transforme en une parabole. C’est ainsi que l’amour dégénère insensiblement et conduit au familisme, c’est ainsi que l’affection qui rayonnait sur un seul être tend à s’élargir, à en embrasser plusieurs, à l’infini, dans le temps, comme les rayons de la parabole qui vont chercher le second foyer à l’infini dans l’espace.

Le rayon parti du foyer de l’hyperbole remonte s’éloignant de l’axe, après avoir été réfléchi sur la courbe ; il remonte d’autant plus qu’il a atteint déjà, du premier jet, un point plus élevé. C’est ainsi que l’ambitieux tend toujours à dépasser le point où il est parvenu et que ses désirs se grossissent de tous ses succès précédents.