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MATHÉMATIQUES ET MATHÉMATICIENS

humains ; à ce point de vue l’algèbre me semblait la langue du Dieu de l’esprit.

Je comprenais assez bien aussi le genre de style propre à l’algèbre ; j’étais frappé de l’art avec lequel les mathématiciens éloignent, rejettent, éliminent peu à peu tout ce qui est inutile pour arriver à exprimer l’absolu, avec le plus petit nombre possible de termes, tout en conservant dans l’arrangement de ces termes un choix, un parallélisme, une symétrie qui semble être l’élégance et la beauté visible d’une idée éternelle.

Si l’algèbre m’avait frappé, je fus ébloui par l’application de l’algèbre à la géométrie… L’idée, la possibilité d’exprimer une ligne, une courbe par des termes algébriques, par une équation, me parut aussi belle que l’Iliade. Quand je vis cette équation fonctionner et se résoudre, pour ainsi dire, toute seule, entre mes mains, et éclater en une infinité de vérités, toutes également indubitables, également éternelles, également resplendissantes, je crus avoir en ma possession le talisman qui m’ouvrait la porte de tous les mystères.

Edgard Quinet.

E. Quinet s’est préparé à l’École polytechnique, comme Victor-Hugo et Sully-Prudhomme.

EN MORALE

Les mathématiques rendent l’esprit juste en mathématiques, tandis que les lettres le rendent juste en morale.

J. Joubert.