Parcourez le cercle des sciences, et vous verrez qu’elles commencent toutes par un mystère : le mathématicien tâtonne sur les bases du calcul des quantités imaginaires, quoique ses opérations soient très justes ; il comprend encore moins le principe du calcul infinitésimal, l’un des instruments les plus puissants que Dieu ait confiés à l’homme…
Ces prétendus mystères sont devenus de moins en moins mystérieux.
Lorsque les lois générales de la nature ont été une fois bien saisies par l’esprit, lorsqu’il s’est familiarisé avec le plus grand nombre des réalités matérielles de l’univers, l’étude des hautes mathématiques devient pour lui extraordinairement attrayante : c’est alors qu’il aperçoit les utiles applications des nombreuses vérités de cette science. Au contraire, les jeunes gens qui se livrent d’abord à l’étude des mathématiques pures et abstraites trouvent le plus souvent cette étude d’une aridité excessive ; elle devient pour eux aussi fatigante que le serait pour d’autres la lecture du vocabulaire d’une langue qu’ils seraient certains de ne jamais parler…