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tranquilité, ne faiſoit que nourrir les haines, qu’augmenter l’acharnement d’une infinité de petites peuplades, qui n’avoient d’autre but que leur mutuel anéantiſſement. Les plus foibles nations diſparurent en effet de la face de la terre, & les autres ſe réduiſirent inſenſiblement à rien.

VI. La colonie Françoiſe ne fait point de progrès. Cauſes de cette langueur.

Cependant les François ne s’élevoient pas ſur tant de débris. En 1627, ils n’avoient encore que trois misérables établiſſemens entourés de paliſſades. Cinquante habitans, hommes, femmes, enfans, compoſoient la plus grande de ces colonies. Le climat n’avoit point dévoré les hommes qu’on y avoit fait paſſer. Il étoit rigoureux, mais ſain ; & les Européens y fortifioient leur tempérament, ſans riſquer leur vie. Cette langueur n’avoit d’autre cauſe que le ſyſtême d’une compagnie excluſive, qui ſe propoſoit moins de créer une puiſſance nationale au Canada, que de s’y enrichir par le commerce des pelleteries. Pour guérir le mal, il n’eût fallu que ſubſtituer à ce monopole la liberté. Mais le tems d’une théorie ſi ſimple n’étoit pas venu. Le gouvernement ſe contenta de ſubſtituer à cette compagnie une