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permettra de dire un mot en ma faveur.

« Je ſuis une fille pauvre infortunée, qui pouvant à peine gagner ma ſubſiſtance, n’ai pas le moyen de payer des avocats pour plaider ma cauſe. Je vais donc faire parler la raiſon. Comme elle a ſeule le droit de dicter des loix, elle peut les examiner toutes. Celle qui me conduit à votre tribunal m’a déjà jugée. Je ne demande pas qu’on s’en écarte pour me faire grâce. Mais je vous prie, Meſſieurs, d’intercéder auprès du gouvernement, pour qu’il daigne me remettre l’amende à laquelle vous m’allez condamner.

« C’eſt la cinquième fois que je parois devant vous pour le même délit. Deux fois j’ai payé de fortes amendes, & deux fois trop indigente pour expier ma faute par une peine pécuniaire, j’ai ſubi un châtiment douloureux & flétriſſant. Ces peines ſont ordonnées par la loi ; je le ſais. Mais ſi l’on doit abroger les loix quand elles ſont déraiſonnables ; ſi l’on doit les mitiger quand elles ſont trop sévères, j’oſe vous dire que celle qui me pourſuit eſt à la fois injuſte & cruelle à mon égard. Au crime