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orateur ſauvage qui eſt en poſſeſſion des ſuffrages, avertir ceux qui défèrent à ſes conſeils, qu’un autre eſt plus digne de leur confiance.

Ce reſpect mutuel, entre les habitans d’une bourgade, règne entre les peuples, dès que la guerre ceſſe. Les envoyés ſont reçus, ſont traités avec l’amitié qu’on doit à des hommes qui viennent parler de paix ou d’alliance. Ce n’eſt jamais pour un projet de conquête, ni pour un intérêt de domination que négocient des nations errantes, qui n’ont pas même l’idée d’un domaine. Celles même qui s’arrêtent dans des habitations fixes, ne diſputent à perſonne le droit de s’établir dans leur canton, pourvu qu’on ne les inquiète pas. La terre, diſent-ils, eſt faite pour tous les hommes ; aucun n’y doit poſſéder la portion de deux. Toute la politique des ſauvages ſe réduit donc à former des ligues contre un ennemi trop nombreux & trop fort, à ſuſpendre des hoſtilités trop meurtrières. Eſt-on convenu de la trêve ou de l’union ? On s’en donne mutuellement le gage, par des colliers de porcelaine. C’eſt une eſpèce de coquillage