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ſervoient de retraite à d’innombrables oiſeaux. La mer bondiſſant ſur les côtes & dans les golfes qu’elle ſe plaiſoit à ronger, à créneler, y vomiſſoit par bandes des monſtres amphibies, d’énormes cétacées, des tortues & des crabes, qui venoient ſe jouer ſur des rives déſertes, & s’y livrer aux plaiſirs de la liberté & de l’amour. C’eſt là que la nature exerçoit ſa force créatrice, en reproduiſant ſans ceſſe ces grandes eſpèces qu’elle couve dans les abymes de l’océan. La mer & la terre étoient libres.

Tout-à-coup l’homme y parut, & l’Amérique Septentrionale changea de face. Il y porta la règle & la faulx de la ſymétrie, avec les inſtrumens de tous les arts. Auſſi-tôt des bois impraticables s’ouvrent, & reçoivent dans de larges clairières des habitations commodes. Les animaux deſtructeurs cèdent la place à des troupeaux domeſtiques ; & les ronces arides, aux moiſſons abondantes. Les eaux abandonnent une partie de leur domaine, & s’écoulent dans le ſein de la terre ou de la mer, par des canaux profonds. Les côtes ſe rempliſſent de cités, les anſes de vaiſſeaux ; & le Nouveau--