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Au gré d’un tel peuple, l’hiver étoit la belle ſaiſon de l’année : l’ours, le chevreuil, le cerf & l’orignal, ne pouvoient fuir alors avec toute leur viteſſe, à travers quatre à cinq pieds de neige. Ces ſauvages que n’arrêtoient ni les buiſſons, ni les ravines, ni les étangs, ni les rivières, & qui paſſoient à la courſe la plupart des animaux légers, faiſoient rarement une chaſſe malheureuſe. Mais au défaut de gibier, on vivoit de gland. Au défaut de gland, on ſe nourriſſoit de la sève ou de la pellicule qui naît entre le bois & la groſſe écorce du tremble & du bouleau.

Dans l’intervalle d’une chaſſe à l’autre, on faiſoit, on réparoit les arcs & les flèches, les raquettes qui ſervoient à courir ſur la neige, les canots ſur leſquels on devoit paſſer les lacs & les rivières. Ces meubles de voyage & quelques pots de terre, formoient toute l’induſtrie, tous les arts de ces peuples errans. Ceux d’entre eux qui s’étoient réunis en bourgades, ajoutaient à ces travaux les ſoins qu’exigoient leur vie plus sédentaire ; ils y joignoient la précaution de paliſſader, de défendre leurs cabanes contre les irruptions. Les ſauvages s’a-