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ee malheureux s’expoſe chaque jour à des maladies, qui, jointes à la diſette où ſa condition le réduit, lui font déſirer la mort plutôt qu’une guériſon diſpendieuſe & ſuivie d’infirmités & de travaux. Tenancier ou ſujet, eſclave à double titre ; s’il a quelques arpens, un ſeigneur y va recueillir ce qu’il n’a point ſemé : n’eût-il qu’un attelage de bœufs ou de chevaux, on les lui fait traîner à la corvée : s’il n’a que ſa perſonne, le prince l’enlève pour la guerre. Par-tout des maîtres, & toujours des vexations.

Dans nos villes, l’ouvrier & l’artiſan ſans atelier ſubiſſent la loi des chefs avides & oiſifs, qui, par le privilège du monopole, ont acheté du gouvernement le pouvoir de faire travailler l’induſtrie pour rien, & de vendre ſes ouvrages à très-haut prix. Le peuple n’a que le ſpectacle du luxe dont il eſt doublement la victime, & par les veilles & les fatigues qu’il lui coûte, & par l’inſolence d’un faſte qui l’humilie & l’écraſe.

Quand même on ſuppoſeroit que les travaux & les périls de nos métiers deſtructeurs, des carrières, des mines, des forges & de tous les arts à feu, de la navigation & du