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nérale en Angleterre, que le déſir de s’expatrier, pour courir après la fortune, ne tentoit perſonne. C’eſt le ſentiment du malheur qui dégoûte les hommes de leur patrie, plus encore que l’amour des richeſſes. Il falloit une fermentation extraordinaire pour peupler, même un excellent pays. Elle arriva. Ce fut la ſuperſtition, qui la fit naître du choc des opinions religieuſes.

II. Les guerres de religion qui déchirent l’Angleterre, peuplent le continent de l’Amérique.

Les Bretons eurent pour leurs premiers prêtres, ces druides ſi fameux dans les annales de la Gaule. Pour jeter un voile impoſant ſur les cérémonies d’un culte ſauvage, les myſtères ne ſe célébroient jamais que dans des réduits obſcurs, & le plus ſouvent dans des bocages ſombres, où la peur enfante des ſpectres & des apparitions. Il n’y avoit qu’un petit nombre d’initiés qui poſſédâſſent la doctrine ſacrée : encore ne leur étoit-il permis de rien écrire ſur cet important objet, pour n’en pas mettre les ſociété ſous les yeux d’un profane vulgaire. Les autels d’une divinité redoutable étoient enſanglantés de victimes humaines ; ils étoient enrichis des plus précieuſes dépouilles