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diant la langue des ſauvages ; en ſe conformant à leur caractère, à leurs inclinations ; en uſant de tous les moyens propres à gagner leur confiance, avoient acquis un pouvoir abſolu ſur leur âme. Les colons François, loin de leur donner les mœurs de l’Europe, avoient pris celles du pays qu’ils habitoient : l’indolence de ces peuples pendant la paix, leur activité durant la guerre ; & leur amour conſtant pour la vie errante & vagabonde. On avoit même vu pluſieurs Officiers diſtingués ſe faire adopter parmi ces nations. La haine & la jalouſie des Anglois ont calomnié cette conduite, juſqu’à dire que ces hommes généreux avoient acheté à prix d’argent les crânes de leurs ennemis ; avoient mené les danſes horribles qui accompagnent chez ces peuples l’exécution des priſonniers ; avoient imité leurs cruautés & partagé leurs barbares feſtins. Mais ces excès d’horreur appartiendroient plutôt à la fureur nationale d’un peuple qui a ſubſtitué le fanatiſme de la patrie à celui de la religion, & qui ſait bien mieux haut les autres nations, qu’aimer ſon propre gouvernement.

De rattachement décidé pour les Fran-