Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/245

Cette page n’a pas encore été corrigée

Eſt-il tranquille ſur le trône, lorſqu’il ſe voit forcé de dire, pour régner, que c’eſt de Dieu ſeul qu’il a reçu ſa couronne ? Tout homme ne tient-il pas encore plus de Dieu ſa vie & ſa liberté, le droit impreſcriptible de n’être gouverné que par la raiſon & par la juſtice ?

Mais qu’a-t-on beſoin d’invoquer le ſacré nom de Dieu, dont il eſt ſi facile d’abuſer ? Dans les ſiècles malheureux de l’enthouſiaſme de religion, on a pu repaître de mots ambigus les eſprits égarés par un fanatiſme épidémique. Mais dans le calme de la paix & de la raiſon ; lorſqu’un état s’eſt policé, agrandi, affermi par l’eſprit de diſcuſſion & de calcul, par les recherches & la découverte des vérités utiles, que la phyſique offre à la morale pour le matation de la politique : eſt-ce alors qu’il faut encore chercher dans les ténèbres de l’ignorance & de l’erreur, les fondemens d’une autorité légitime ? Le bien & le ſalut des peuples, voilà la ſuprême loi d’où toutes les autres dépendent, & qui n’en reconnoît point au-deſſus d’elle. C’eſt-là, ſans doute, la véritable loi fondamentale de toutes les