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Les forêts, ainſi défrichées ſans frais & même avec profit, auroient laiſſé le ſol libre aux grains, à l’indigo, même à la ſoie, lorſqu’une population abondante auroit permis de ſe livrer à une occupation à laquelle la douceur du climat, la multitude des mûriers, quelques expériences heureuſes ne ceſſoient d’inviter. Que n’eût-on pas fait d’une poſſeſſion où le ciel eſt tempéré, où le terrein eſt uni, vierge, fertile ; & qui avoit été moins habité que parcouru par quelques vagabonds auſſi inappliqués que mal-habiles ?

Si la Louyſiane fût parvenue à la fécondité que la nature y ſembloit attendre de la main des hommes, on n’auroit pas tardé à s’occuper du ſoin de rendre ſon entrée plus acceſſible. Peut-être y eût-on réuſſi, en bouchant les petites paſſes avec les arbres flottans que les eaux entraînent, & en réuniſſant toute la force du courant dans un ſeul canal. Si la molleſſe du terrein, ſi la rapidité du fleuve, ſi le refoulement de la mer euſſent opposé à ce projet des obſtacles inſurmontables, le génie eût trouvé des reſſources. Tous les arts, tous les biens ſe-