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Santa-ſe. Elle dirigea ſa marche vers les Oſages qu’on vouloit armer contre leurs éternels ennemis, les Miſſouris, dont on avoit réſolu d’occuper la place. Les Eſpagnols s’égarèrent. Ils arrivèrent précisément chez la nation dont ils méditaient la ruine ; & ſe croyant où ils avoient voulu ſe rendre, ils expliquèrent ſans détour le ſujet qui les amenoit.

Le chef des Miſſouris, inſtruit par cette mépriſe ſingulière du danger que lui & les ſiens avoient couru, diſſimula ſon reſſentiment. Il promit de concourir avec joie au ſuccès de l’entrepriſe qui lui étoit proposée, & ne demanda que quarante-huit heures pour raſſembler ſes guerriers. Lorſqu’ils ſe virent armés au nombre de deux mille, ils fondirent ſur les Eſpagnols qu’on avoit amusés par des jeux, & les égorgèrent dans le ſommeil. Tout fut maſſacré, hommes, femmes, enfans. L’aumônier ſeul échappa au carnage ; & encore ne dut-il ſa conſervation qu’à la ſingularité de ſes vêtemens. Cette cataſtrophe ayant raſſuré la Louyſiane du côté qui paroiſſoit le plus menacé, la colonie ne pouvoit plus être troublée que par