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À une aſſez grande diſtance des terres, il faut, avant que d’entrer dans le Miſſiſſipi, ſe débarraſſer des bois flottans qui ſont deſcendus de la Louyſiane. La côte eſt ſi plate, qu’on l’aperçoit à peine de deux lieues, & qu’il n’eſt pas facile d’y aborder. Les embouchures du fleuve ſont multipliées : elles changent d’un moment à l’autre, & la plupart n’ont que fort peu d’eau. Lorſque les navires ont heureuſement franchi tant d’obſtacles, ils naviguent aſſez paiſiblement dix ou douze lieues, à travers un pays noyé où l’œil n’aperçoit que des joncs & quelques arbuſtes. Ils trouvent alors ſur les deux rives des forêts épaiſſes qu’ils franchiſent en deux ou trois jours, à moins que des calmes, aſſez ordinaires durant l’été, n’arrêtent leur marche. Il faut enſuite ſe faire touer ou attendre un nouveau vent pour paſſer le détroit à l’Anglois, & arriver à la Nouvelle-Orléans. Le reſte de la navigation ſur un fleuve ſi rapide, ſi rempli de courans, ſe fait avec des bateaux à rame & à voile, qui ſont forcés d’aller de pointe en pointe, & qui, partis dès l’aurore, ont beaucoup avancé, quand, à l’entrée de la