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croire cette région ſuſceptible d’une grande fécondité. Elle étoit remplie de fruits ſauvages. Une multitude prodigieuſe d’oiſeaux & de bêtes fauves y trouvoient une ſubſiſtance abondante. Ses prairies formées par la nature ſeule, étoient couvertes de chevreuils & de biſons. Les arbres étoient remarquables par leur groſſeur, par leur élévation ; & il n’y manquoit que les bois de teinture, qui ne croiſſent qu’entre les tropiques. D’heureuſes expériences ont depuis confirmé ces augures favorables.

On n’a pas encore découvert la ſource du fleuve qui coupe du Nord au Sud ce pays immenſe. Les voyageurs les plus déterminés ne l’ont guère remonté que deux cens lieues au-deſſus du ſaut Saint-Antoine, qui en barre le cours par une caſcade aſſez haute, vers les quarante-ſix degrés de latitude. De-là juſqu’à la mer, c’eſt-à-dire, dans un retrait de ſept cens lieues, la navigation n’eſt pas interrompue. Le Miſſiſſipi arrive ſans obſtacle à l’Océan, après avoir été groſſi par la rivière des Illinois, par le Miſſouri, par l’Ohio, par cent rivières moins conſidérables. Tout concourt à dé-