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trop dégénéré, pour ſervir de ſemence à la moiſſon ſuivante. On ne s’eſt opiniâtré qu’a faire croître quelques herbes potagères, dont le goût étoit aſſez bon, mais qui demandoient qu’on en renouvelât tous les ans la graine. Le vice & la rareté des pâturages ont également empêché les troupeaux de ſe multiplier. La terre ſembloit n’appeler à l’iſle-Royale que des pécheurs & des ſoldats.

Quoique la colonie fût toute couverte de forêts, lorſqu’elle reçut des habitans, le bois n’y a guère été un objet de commerce. Ce n’eſt pas qu’on n’y ait trouvé beaucoup d’arbres tendres qui étoient propres au chauffage, pluſieurs même qui pouvoient ſervir pour la charpente : mais le chêne y a toujours été fort rare, & le ſapin n’a jamais donné beaucoup de réſine.

La traite des pelleteries étoit un objet aſſez peu important. Elle ſe réduiſoit à un petit nombre de peaux de loup-cerviers, d’orignaux, de rats muſqués, de chats ſauvages, d’ours, de loutres, & de renards rouges ou argentés. Une partie étoit fournie par une peuplade ſauvage de Mikmaks, qui s’étoit établie dans l’iſle avec les François,