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VII. La ſoumiſſion du Pérou eſt l’époque des plus ſanglantes diviſions entre les conquérans.

Quoi qu’il en ſoit des arts que les Eſpagnols trouvèrent dans le Pérou, ces barbares ne ſe virent pas plutôt les maîtres de ce vaſte empire qu’ils s’en diſputèrent les dépouilles avec tout l’acharnement qu’annonçoient leurs premiers exploits. Les ſemences de cette diviſion avoient été jetées par Pizarre lui-même qui, dans ſon voyage en Europe pour préparer une ſeconde expédition, dans les mers du Sud, s’étoit fait donner par le miniſtère une grande ſupériorité ſur Almagro. Le ſacrifice de ce qu’il devoit à une faveur momentanée l’avoit un peu réconcilié avec ſon aſſocié juſtement offenſé de cette perfidie : mais le partage de la rançon d’Atabaliba aigrit de nouveau ces deux brigands altiers & avides. Une diſpute qui s’éleva ſur les limites de leurs gouvernemens reſpectifs, mit le comble à leur haine ; & cette extrême averſion eut les ſuites les plus déplorables.

Les guerres civiles prennent ordinairement leur ſource dans la tyrannie & dans l’anarchie. Dans l’anarchie, le peuple ſe diviſe par pelotons. Chaque petite faction a ſon démagogue ; chacune a ſes prétentions ſages ou folles, unanimes ou contradictoires, ſans