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plus blanche que les naturels du pays & que pluſieurs individus de la famille du ſouverain avoient de la barbe : or on ſait qu’il y a des traits, ou difformes ou réguliers, qui ſe conſervent dans quelques races, quoique ces traits ne paſſent pas conſtamment de génération en génération. L’on a dit enfin que c’étoit une tradition généralement répandue dans le Pérou & tranſmiſe d’âge en âge, qu’un jour il viendroit par mer des hommes barbus, avec des armes ſi ſupérieures que rien ne pourrait leur réſiſter.

S’il ſe trouvoit quelques-uns de nos lecteurs qui vouluſſent adopter une opinion ſi peu fondée, ils ne pourroient s’empêcher de convenir qu’il avoit dû s’écouler un fort long eſpace de tems entre le naufrage & la fondation de l’empire. Sans cet intervalle immenſe, le légiſlateur n’auroit-il pas donné aux ſauvages qu’il raſſembloit quelque notion de l’écriture, quand lui-même il n’auroit pas ſu lire ? Ne les auroit-il pas formés à pluſieurs de nos arts & de nos méthodes ? Ne leur auroit-il pas perſuadé quelques dogmes de ſa religion ? Ou ce n’eſt pas un Européen qui a fondé le trône des incas, ou il faut croire