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que Panama pourroit leur envoyer par mer. Panama lui-même, qui n’a qu’un mur ſans foſſé & ſans ouvrages extérieurs, ſeroit obligé de ſe rendre. Sa garniſon, continuellement affoiblie par les détachemens qu’elle envoie à Châgre, à Porto-Belo, à d’autres poſtes, ſeroit hors d’état de repouſſer le moindre aſſaillant.

Anſon ne penſoit pas que les côtes, une fois ſoumiſes, le reſte de l’empire pût balancer à ſe ſoumettre. Il fondoit ſon opinion ſur la molleſſe, ſur la lâcheté, ſur l’ignorance des peuples dans le maniement des armes. Selon ſes lumières, un ennemi audacieux ne devoit avoir guère moins d’avantage ſur les Eſpagnols qu’ils en eurent eux-mêmes ſur les Américains, à l’époque de la découverte.

Telles étoient, il y a trente ans, les idées d’un des plus grands hommes de mer qu’ait eu l’Angleterre. Tiendroit-il aujourd’hui le même langage ? Nous ne le penſons point. La cour de Madrid, réveillée par les humiliations & les malheurs de la dernière guerre, a fait paſſer au Pérou des troupes aguerries. Elle y a confié ſes places à des commandant expérimentés. L’eſprit des milices eſt entiè-